En ce début de la Semaine Sainte, la liturgie nous présente 2 pistes de méditation :
. la 1ère : l’entrée de Jésus à Jérusalem
. et la 2ème : la lecture de la Passion selon saint Matthieu.
Ces 2 pistes sont intimement liées l’une à l’autre.
Le but de cette montée à Jérusalem qu’annonce un psaume (« montons à la montagne du Seigneur ») est l’offrande que Jésus va faire de sa vie dans une totale liberté : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (St Jean 10, 18).
Cette liberté est celle de l’amour « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (St Jean 15,13) ainsi que l’écrit encore Saint Jean : « ayant aimé les siens, Il les aima jusqu’au bout » (10,18).
Cette montée annonce donc déjà une autre montée : l’élévation de Jésus sur la croix.
I- L’entrée triomphale à Jérusalem
La description de l’entrée à Jérusalem nous donne la clé qu’il nous faut pour méditer le récit de la passion du Christ que nous venons d'entendre. Regardons-y de plus près.
D’abord, il s’agissait de marcher avec des palmes à la main reproduisant la foule en liesse qui accompagnait Jésus entrant à Jérusalem. Ce n’était pas seulement des palmes, mais des manteaux qu’on étendait sur son passage, nous dit le 1er extrait d’Evangile. Et pourtant cette entrée triomphale porte déjà un message qui nous invite à situer le triomphe de Jésus à sa vraie place qui n’est pas celle des triomphes humains ordinaires.
En effet, Jésus qui entre à Jérusalem, ne le fait pas comme les chefs de guerre ou les généraux d’un cortège de vainqueurs, sur un chariot ou sur un cheval fringuant. Il est assis « sur un âne ».
Cet animal est celui des pauvres, des paysans. C’est celui du travail aux champs, des déplacements de matériel, de transport de denrées, C’est un animal de travail. C’est une bête de service. Jésus l’a choisi intentionnellement car il veut signifier qu’il arrive dans l’humilité pour accomplir le plan de Dieu. L’âne était d’ailleurs présent dans la Crèche de Noël puis dans la fuite en Egypte…
Jésus se situe dans la lignée des prophètes qui ont prédit ce Messager de Dieu pauvre et humble. Écoutons ce passage du prophète Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Zacharie 9, 9)
II – Le récit de la Passion
Ce Messie pauvre et humble ira jusqu'à l’extrême en donnant sa vie sur la Croix. Il sera dénoncé, défiguré, abandonné. C’est ce que nous livre le récit de la Passion.
Ce récit met devant nos yeux l’ensemble des évènements qui vont de la Cène, le dernier repas de Jésus avec les siens, jusqu’à sa mise au tombeau.
Le récit se déroule avec plein de détails. Il ravive en nous des images maintes fois rencontrées soit à l’occasion des lectures de la liturgie soit encore dans le visionnement de certains films comme Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli ou La Passion de Mel Gibson. C’est le Chemin de Croix.
Ce qui s'est produit, c'est l'abaissement (kénose) de Jésus, Fils de Dieu, qui ayant été jusqu’au plus bas en souffrant sa passion, est exalté par Dieu. Il devient ainsi « Seigneur à la gloire de Dieu le Père », comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture adressée aux chrétiens de la ville de Philippes en Grèce : «C’est pourquoi Dieu l’a exalté, il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : ‘ Jésus Christ est Seigneur’ à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2, 5-11).
III - Application
Entrons dans notre Semaine Sainte en suivant Jésus à la trace, nous laissant entraîner derrière lui sur le chemin de la Croix et de l’abandon.
Il nous regarde et nous dit : « Il n’y a pas de plus amour que de donner sa vie pour ses amis… je donne la mienne librement pour le salut de tous… ma vie, nul ne la prend mais c'est moi qui la donne… j’accepte d’être l’Agneau immolé pour le salut du monde, je me charge du poids de vos péchés, ils sont sur mon dos avec la croix. » (d’après Jean 15, 13, Jean 10, 18 et Isaïe 53, 7).
Par sa Passion, par sa Passion d’amour – que nous venons d’entendre – Jésus a été fidèle jusqu’à la mort, fidèle à son amour infini pour le Père, fidèle à son amour infini pour les hommes.
Par sa Passion acceptée librement, Jésus vient briser la pente de mort qui est en l’homme, la pente du péché. Péché qui conduit les scribes et les pharisiens à la haine ; péché qui conduit Pilate et la foule à la peur ; péché qui conduit les disciples au sommeil et à la fuite ; péché qui conduit Pierre au reniement.
Face à ce déferlement de péché, face à cette spirale de violence, Jésus reste celui qui aime et aimera jusqu’au bout. Jésus reste celui qui pose sur l’homme, même du haut de la Croix, un regard d’amour. Sur chaque homme, sur tout l’homme, Jésus pose un regard d’amour. Un regard qui invite à vivre de l’amour, à vivre par amour.
Bonne Semaine Sainte, certes au milieu des inquiétudes et des souffrances, mais dans l’Amour, dans la confiance et l’abandon à la suite de Jésus !
Père Denis Lecompte
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