Homélie Dimanche Messe des Rameaux et de la Passion

par le Père Denis Lecompte

 

En ce début de la Semaine Sainte,   la liturgie nous présente   2 pistes de méditation :
     . la 1ère :  l’entrée de Jésus à Jérusalem
     . et la 2ème :  la lecture de la Passion  selon saint Matthieu.
Ces 2 pistes  sont intimement liées  l’une à l’autre.
Le but de cette montée à Jérusalem  qu’annonce un psaume (« montons à la montagne du Seigneur ») est l’offrande que Jésus va faire  de sa vie  dans une totale liberté : « Ma vie  nul ne la prend  mais c’est moi qui la donne » (St Jean 10, 18).
Cette liberté est  celle de l’amour  « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (St Jean 15,13) ainsi que  l’écrit encore Saint Jean : « ayant aimé les siens,  Il les aima jusqu’au bout » (10,18).
Cette montée annonce  donc  déjà  une autre montée :  l’élévation de Jésus  sur la croix.


I- L’entrée triomphale à Jérusalem

La description de l’entrée à Jérusalem  nous donne  la clé qu’il nous faut   pour méditer le récit de la passion du Christ  que nous venons d'entendre.  Regardons-y  de plus près.

D’abord,  il s’agissait de marcher avec des palmes à la main   reproduisant la foule en liesse qui accompagnait Jésus entrant à Jérusalem.  Ce n’était pas seulement des palmes,   mais des manteaux qu’on étendait sur son passage,  nous dit le 1er extrait d’Evangile.   Et pourtant cette entrée triomphale  porte déjà un message  qui nous invite à situer le triomphe de Jésus  à sa vraie place   qui n’est pas celle des triomphes humains ordinaires.

En effet,  Jésus qui entre à Jérusalem,  ne le fait pas comme les chefs de guerre ou les généraux d’un cortège de vainqueurs,  sur un chariot  ou sur un cheval fringuant.     Il est assis « sur un âne ».

Cet animal est celui des pauvres,  des paysans.   C’est celui du travail aux champs,  des déplacements de matériel,  de transport de denrées,  C’est un animal de travail.  C’est une bête de service.   Jésus l’a choisi intentionnellement car il veut signifier  qu’il arrive dans l’humilité  pour accomplir le plan de Dieu.   L’âne était d’ailleurs présent  dans la Crèche de Noël  puis dans la fuite en Egypte…

Jésus se situe  dans la lignée des prophètes  qui ont prédit  ce Messager de Dieu  pauvre et humble.  Écoutons ce passage du prophète Zacharie :  « Exulte de toutes tes forces,  fille de Sion !  Pousse des cris de joie,  fille de Jérusalem !  Voici ton roi qui vient à toi :  il est juste et victorieux,  pauvre et monté sur un âne,  un ânon,  le petit d’une ânesse. » (Zacharie 9, 9)


II – Le récit de la Passion

Ce Messie pauvre et humble  ira jusqu'à l’extrême  en donnant sa vie sur la Croix.   Il sera dénoncé,  défiguré, abandonné.   C’est ce que nous livre  le récit de la Passion.

Ce récit  met devant nos yeux  l’ensemble des évènements qui vont   de la Cène, le dernier repas de Jésus avec les siens,   jusqu’à sa mise au tombeau. 

Le récit se déroule  avec plein de détails.  Il ravive en nous des images maintes fois rencontrées  soit à l’occasion des lectures de la liturgie  soit encore dans le visionnement de certains films  comme Jésus de Nazareth de Franco Zeffirelli  ou La Passion de Mel Gibson.   C’est le Chemin de Croix.

Ce qui s'est produit,  c'est l'abaissement (kénose) de Jésus, Fils de Dieu,   qui ayant été jusqu’au plus bas en souffrant sa passion,   est exalté par Dieu.   Il devient ainsi  « Seigneur à la gloire de Dieu le Père »,  comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture adressée  aux chrétiens de la ville de Philippes en Grèce :  «C’est pourquoi Dieu l’a exalté,  il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,  afin qu’au nom de Jésus  tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,  et que toute langue proclame :  ‘ Jésus Christ est Seigneur’  à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2, 5-11).


III - Application

Entrons dans notre Semaine Sainte   en suivant Jésus à la trace,   nous laissant entraîner derrière lui   sur le chemin de la Croix et de l’abandon.

Il nous regarde  et nous dit :  « Il n’y a pas de plus amour  que de donner sa vie pour ses amis… je donne la mienne librement pour le salut de tous…  ma vie, nul ne la prend  mais c'est moi qui la donne… j’accepte d’être l’Agneau immolé pour le salut du monde,  je me charge du poids de vos péchés,  ils sont sur mon dos avec la croix. » (d’après Jean 15, 13,  Jean 10, 18  et Isaïe 53, 7).

Par sa Passion,  par sa Passion d’amour – que nous venons d’entendre –  Jésus a été fidèle  jusqu’à la mort,  fidèle à son amour infini  pour le Père,   fidèle à son amour infini  pour les hommes.

Par sa Passion acceptée librement,   Jésus vient briser  la pente de mort qui est en l’homme,   la pente du péché. Péché qui conduit  les scribes et les pharisiens  à la haine ;  péché qui conduit  Pilate et la foule  à la peur ;  péché qui conduit  les disciples  au sommeil et à la fuite ;  péché qui conduit  Pierre  au reniement.

Face à ce déferlement de péché,  face à cette spirale de violence,  Jésus reste celui  qui aime et  aimera jusqu’au bout.  Jésus reste celui  qui pose sur l’homme,  même du haut de la Croix,  un regard d’amour.  Sur chaque homme, sur tout l’homme,  Jésus pose un regard d’amour.  Un regard qui invite  à vivre de l’amour,  à vivre par amour.

Bonne Semaine Sainte,  certes au milieu des inquiétudes et des souffrances,  mais  dans l’Amour,  dans la confiance et l’abandon  à la suite de Jésus !

 

Père Denis Lecompte

 

Retrouvez toutes les lectures du Dimanche des Rameaux et de la Passion en cliquant ici (Source AELF)

Article publié par Philippe LARCANCHE • Publié le Samedi 04 avril 2020 - 11h51 • 286 visites

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